Fibrillation ventriculaire ischémique (ECN)

Tracé
N° 35
Patient
Homme de 61 ans avec facteurs de risque (tabagisme actif et dyslipidémie), hospitalisé dans le service des soins intensifs dans le cadre d'un syndrome coronarien aigu antérieur; une angioplastie est réalisée avec pose de stent sur l'artère coronaire inter-ventriculaire antérieure 12 heures après le début des symptômes; altération sévère de la fraction d'éjection ventriculaire gauche (30%); 10 jours après cet épisode, nouvelle hospitalisation dans le cadre d'une mort subite récupérée.
Fibrillation ventriculaire ischémique (ECN)
Commentaires

Les causes de mort subite dans les suites d'un infarctus du myocarde sont multifactorielles et varient en fonction du délai par rapport au début des symptômes. Une fibrillation ventriculaire générée par l'ischémie est  responsable de la plupart des décès survenant au cours de la phase pré-hospitalière. L'incidence décroit ensuite régulièrement mais le risque reste présent surtout lorsque l'infarctus est étendu et reperfusé tardivement. Des épisodes de fibrillation ventriculaire peuvent survenir également à la phase tardive de l'hospitalisation chez des patients présentant une nécrose étendue et affectant principalement le territoire antérieur. Une surveillance...

Exergue
Dans les suites d'une nécrose myocardique, la survie de fibres de Purkinje dans des conditions anaérobies peut favoriser la survenue d'une fibrillation ventriculaire et d'une mort subite.
Fibrillation ventriculaire ischémique (ECN)
Dossiers possibles
  • Infarctus en voie de constitution compliqué de mort subite à la phase aigüe sur FV
  • Tachycardie ventriculaire monomorphe à distance d’un infarctus, sur la cicatrice ischémique, et discussion d’appareillage par un défibrillateur en prévention secondaire
  • Fibrillation ventriculaire à distance d’un infarctus avec dossier d’arrêt cardio-circulatoire et discussion d’appareillage par un défibrillateur en prévention secondaire
Les petits trucs de Rémi
  •  La cardiopathie ischémique peut entrainer plusieurs types de complications rythmiques potentiellement létales :

      - tachycardie ventriculaire polymorphe observée lors d’une souffrance ischémique aiguë (angor ou syndrome coronarien aigu)

      - tachycardie ventriculaire monomorphe observée lors de la phase chronique, en l’absence d’ischémie aigüe,  en lien avec la présence d’une cicatrice myocardique

      - fibrillation ventriculaire avec arrêt cardio-respiratoire, pouvant être observée à la phase aigüe ou chronique et pouvant être inaugurale ou faire suite à une tachycardie ventriculaire monomorphe ou polymorphe

  • Souvenez vous de l’indication d’un défibrillateur dans la cardiopathie ischémique:

      - en prévention primaire (absence d'arythmie documentée): fraction d'éjection VG < 35% malgré un traitement médicamenteux optimal

      - en prévention secondaire: en cas de mort subite récupérée ou de tachycardie ventriculaire soutenue mal tolérée à plus de 40 jours d’un évènement ischémique aigu. Ce dernier point est important: notre patient qui présente une complication rythmique à 10 jours de son infarctus ne relève pas d’un défibrillateur si l’orage rythmique se calme et qu’on ne retrouve plus d’arythmie ventriculaire à distance de l’infarctus

Ce que dit le référentiel

Il est précisé que la FV à la phase aigüe d’un SCA est une cause fréquente de mort subite et que ce risque justifie l’appel du 15 devant toute suspicion de syndrome coronarien aigu ST+. Enfin, il est précisé que les troubles du rythme à la phase aigüe ne préjugent pas du pronostic rythmique à long terme et n’augmentent notamment pas le risque ultérieur de mort subite. Un épisode de FV au moment de l'épisode aigu ne constitue donc pas une indication à l'implantation d'un défibrillateur.